Je rêvais de la Louisiane, du Mississippi, des bayous profonds et dangereux, du jazz, du carnaval, et des plantations de cannes à sucre. Depuis mon enfance et les films comme 'Autant en emporte le vent' et des vinyles comme 'Louis and the Good Book ' faisaient vivre le mythe. Plus prosaïquement je n'avais que peu de connaissance sur ce Mississippi (d'une longueur de 3780 km drainant un tiers de la superficie des États-Unis), de cette Louisiane colonisée sous louis XIV, cédée à L'Espagne et reprise par Napoléon puis vendue en 1803 aux États-Unis. La nouvelle Orléans m'évoquait-il autre chose ? En fait peu, si ce n'est que le jumelage récent avec notre bonne ville d'Orléans. Ce nouveau lien fût la motivation pour m'associer au groupe de 17 Orléanais de l'association OW-NOLA. Le groupe s'est engagé dans une découverte de 10 jours de cette ville et de ses habitants avec comme contact l'association locale 'Krewe of Joan of Arc' qui a pris la charge de comité de jumelage et donc est devenue notre guide bénévole de ce périple.
21 septembre 2018 : C'est parti pour Atlanta puis New-Orleans. Tout de suite il fait chaud, humide ; les climatisations tournent à fond partout à l'intérieur des bâtiments ; les frenchies s’adaptent plus ou moins bien. Une fois installés dans le quartier français, nous sommes sérieusement pris en charge par nos 'jumeaux' d'outre atlantique pour véritablement visiter de l'intérieur cette ville de 350 000 habitants (1 200 000 avec la métropole).
La première journée est consacrée à un séminaire sur Jeanne d'Arc dans l'université de Tulane avec une série de conférences autour de la vie de Jeanne d'Arc dont entre autre ; l'analyse de ses 2 procès et le témoignage d'une religieuse très impliquée dans la vie quotidienne des habitants.
Les jours suivants, nous avons visité les écoles et dialogué avec les élèves et enseignants, école publique "École Bilingue Audubon" et privé "Louise S. McGehee School". Nous avons reçu également un accueil protocolaire mais combien chaleureux à la mairie par Mme le maire Latoya Cantrell, et au consulat par M. le Consul Vincent Sciama.
Plus ludiquement, nous avons visité le bayou avec le formidable accent cajun de son guide, pour se faire une idée des conditions de vie extrêmement périlleuses des acadiens descendus de la Nouvelle Ecosse après y avoir été chassés par les anglais. Par la suite, nous avons découvert le quartier de Tremé avec toute son histoire d'immigration africaine et de métissage mais aussi le musée des Black Indians consacré aux parures du carnaval et la place de rassemblement avec ses pratiques vaudous, suivi de son défilé en musique pour aller déjeuner local .
Le passé colonial et esclavagiste a été retracé par la visite de 2 plantations, une créole 'Laura' et l'autre anglo-saxonne 'Oak Alley' ; chacune donnant un aperçu des différentes tranches de vie toutes productives, sauvages, effrayantes pour les esclaves et ce durant quasi un siècle et demi jusqu’à la fin de la guerre civile et l'émancipation avec la proclamation de janvier 1863.
Le jazz a été évidemment au cœur du voyage nuit et jour, nous avons découvert la fondation 'Ellis Marsalis', fondation construite après l'ouragan Katrina. L'esprit et l'objectif était de faire revivre rapidement le jazz dans un quartier dévasté, en permettant à des dizaines de jeunes d'intégrer ce conservatoire du Jazz sous l’œil bienveillant d'Ellis Marsalis, sa famille et sa fondation. Le jazzman nous a gratifié d'une long interview et d'un morceau de piano.
Nous avons traversé quasi chaque soir le quartier français avec ses rues bruyantes, comme la rue Royal et la très connue rue Bourbon, pour dîner et écouter différents orchestres de jazz tous performants.
Enfin le lent et majestueux fleuve Mississipi, nous a accompagné dans nos promenades sur la rive gauche, et la soirée diner-croisière sur le steamboat Natchez, là aussi au son du jazz ; avant de quasi clôturer l'escapade le lendemain dans un bal cajun et sa musique d'inspiration poitevine.( un peu de chauvinisme).
Autant dire que j'avais hésité à m'inscrire dans ce voyage, au vu de l'ambiance si particulière des USA depuis plusieurs mois, et des bénéfices parfois trop modestes du tourisme de masse. Cependant, je reconnais que le voyage fut dense et l'objectif rempli, car ce fut une véritable immersion, immersion permise par l'engagement de nos 'jumeaux' new-orléannais Carol Lynch, Joseph Dunn, Antoinette de Alteriis, Linda Seabright, Kaya Marsalis, Robert Desmarais Sullivan, Amy Kirk, et de nos accompagnatrices françaises Anne-Marie et Catherine.
Merci.
Michel